1. Ça commence par un message (J – 4 mois)
Début février 2024, whatsapp m’annonce l’arrivée d’un message. Il va structurer mon planning cycliste des mois suivants.
Ce message, je l’ai perdu depuis, par la faute d’un téléphone qui a mal vécu une randonnée sous la pluie (les 48 heures recouvert de riz n’y ont pas suffi, il n’a pas voulu redémarrer).
Cependant, je m’en souviens. En substance, il indique : « Salut Thierry. On ne s’est pas vus depuis longtemps. J’envisage de faire la diagonale Brest – Perpignan fin mai, je te propose de la faire avec moi. C’est un exercice qui se fait bien en solo mais à plusieurs c’est encore plus sympa »
Il est envoyé par Denis, l’un des hyper-spécialistes de la longue distance au sein du club, super organisé, super endurant, super régulier …
Bien sûr que ça me tente, mais pourquoi moi ? C’est un honneur que, du haut de ses 7 diagonales (je l’ai appris depuis), Denis me pense capable de faire plus de 1000 kilomètres, moi qui ne suis pas allé plus loin que Carhaix au retour de Brest en 2023.
Bien sûr que j’accepte, j’adore l’idée, partir de Brest et me retrouver à Perpignan à la seule force de mes jambes, ça me donne le vertige …
2. « Tu prends un sac à dos ! » (J – 2)
La veille du départ pour Brest, nous avons rendez-vous au local du club pour un dernier briefing, Denis, moi et Jean-Luc qui s’est joint à l’équipe entretemps. Jean-Luc, c’est une autre légende dans mon panthéon des cyclotouristes, pour sa capacité à rouler vite, très vite, longtemps, très longtemps.
Avec ces 2 équipiers, je suis plus que bien entouré, c’est comme si on proposait à un junior de faire une étape du Tour avec Jonas et Tadej. Bon, j’exagère un peu mais pas tant que ça.
Briefing donc.
Bien sûr qu’il faut prendre le gilet réfléchissant et la frontale ! (je me sens presque honteux d’avoir posé la question …)
Oui, crème solaire, mini-cadenas pour le train de retour
Et la question tombe : « tu as installé les sacoches sur ton vélo ? »
Je sens bien que je vais dire quelque chose qu’ils n’attendent pas mais je réponds : « Ben non, je vais prendre un sac à dos »
Je lis la consternation dans leur regard : Mais dans quelle galère il va nous mettre celui-là ?
Les questions fusent : quand tu as fait tes BRM, tu avais un sac à dos ? Ben oui. Et ça ne t’a pas posé de problèmes ? Ben non
On invoque les statistiques : « Sur Paris Brest, il y a moins de 10% de gens qui ont un sac à dos ». Le chiffre descendra plus tard à 5%, puis même à 2% en cours de parcours.
L’argument d’autorité arrive bientôt : « Les vieux de la vieille disent toujours que le poids, il faut le mettre sur le vélo plutôt que sur le bonhomme ».
Je m’accroche à ma solution (le Breton est un peu entêté), de toutes façons, je n’ai pas le choix, je ne vais pas acheter des sacoches maintenant.
Mais je sens bien que je suis le Padawan de la bande. Et que j’ai plutôt intérêt à ne pas avoir mal au dos durant notre balade.
3. Le choix de l’hôtel (J – 1)
On se répartit les rôles pour l’organisation.
Mais je ne suis pas le plus investi dans cette mission, j’ai 2 collègues qui ont l’habitude de sillonner les routes de France dans tous les sens, en groupe ou en solo, sans jamais de problème d’organisation.
Je leur laisse le gros du travail et je reste dans les roues. La feuille de route prend forme sous leur impulsion : le nombre de kilomètres par jour, les heures de départ, (4h30, c’est un peu tôt, non ?), le lieu des repas, le choix des hôtels.
On fait valider le choix de l’hôtel en fin de jour 2 par Bertrand, un autre multi-randonneur du club : certes c’est un relais routier le long de la RN10, très prisé des camionneurs espagnols, mais on y mange bien et pour pas cher, et on y dort confortablement. Je confirme. J’ai bien mangé et bien dormi (mais pas assez …)
On me délègue quand même le choix de l’hôtel à Brest. J’essaie de ne pas faire de bêtise, je contacte plusieurs hôtels proches du commissariat, et je fais le choix d’un hôtel d’une chaîne que je connais.
J’informe mes collègues de mon choix, pas d’objection.
Mais la question tombe la veille du départ : « Tu as pris l’hôtel de Brest en regardant une carte à plat ? »
Et là je comprends l’erreur : l’hôtel est proche du port de commerce, à 0 mètres d’altitude, ou presque. Le commissariat où nous devrons valider le début de l’aventure est quelques dizaines de mètres plus haut. Rien à l’échelle des 9500 mètres que nous allons devoir nous enfiler durant ces 4 jours, mais le diable se cache dans les détails.
Petit padawan, va !
4. La pluie, une légende bretonne (Jour 1)
On part de Brest et, en ce matin du Jour 1, la météo promet d’être … bretonne : pas excessivement humide mais pas totalement sèche non plus. On échappe aux nuages jusqu’à la pause petit-déj de Huelgoat.
Mes compagnons consultent leurs applications de météo : « En pédalant fort, on a des chances de devancer les nuages qui nous poursuivent »
Ce que nous faisons durant toute la matinée et qui nous amène à atteindre notre lieu de déjeuner (Locminé) un peu en avance sur les prévisions, et sous le soleil.
Nous prenons une table en terrasse et gagnés par la confiance liée au beau temps revenu, nous ôtons quelques couches de vêtements, nous sortons les lunettes de soleil. Je me vois même mettre de la crème solaire pour me protéger durant cette après-midi qui promet d’être chaude. J’entends un : « Normalement, on ne devrait pas avoir de pluie jusqu’à Perpignan »
C’est beau la confiance.
30 minutes plus tard, je finis mon dessert à l’abri d’un parasol qui menace de céder sous le poids de l’eau. Nous nous protégeons tant bien que mal, nous nous rhabillons un peu, et nous attendons quelques minutes.
Mais la pluie n’était pas prévue au programme, et le plan de route, c’est le plan de route. Il est l’heure de repartir mais il pleut vraiment beaucoup.
2 stratégies s’affrontent : « On attend que ça s’arrête, ça ne va pas être long » (Jean-Luc ») et « On repart, on ne va pas s’arrêter pour de la pluie » (Denis)
Et même un début de polémique : « Partez devant, j’ai le tracé jusqu’à l’hôtel », « Ben non, on roule ensemble ». Le Padawan ne prend pas parti …
La raison l’emporte, l’option « Respect du plan de route » prend le dessus et nous reprenons notre course. Sous la pluie … qui ne nous quittera pas durant 3 heures.
Jusqu’à La Roche Bernard où nous faisons une pause et où le soleil se met à briller, pour de bon cette fois-ci.
La Roche Bernard, dernière commune avant de quitter la Bretagne …
Ça y est, on peut le dire, on n’aura plus de pluie jusqu’à Perpignan.
5. Ce soir, on dîne avec Laura (fin du Jour 1)
On atteint notre hôtel de Saint Nazaire : près du parcours, une salle pour entreposer les vélos et nos vêtements mouillés, une suite avec 2 chambres, ce qui permet d’isoler l’élément ronflant de la bande. Parfait !
Et un accueil super sympa de la part de Patricia qui parle d’elle à la 3ème personne : « si Patricia vous dit ça, vous pouvez la croire », « Patricia a toujours raison », …
Le tout avec un accent qu’on a du mal à identifier, hésitant entre pays de l’Est et Espagne. Même si on n’a qu’une journée de vélo dans les jambes, on a déjà perdu quelques facultés.
On décide de dîner à l’hôtel, c’est plus simple et le diagonaliste de base n’est pas toujours habillé avec le plus grand chic quand il a fini sa journée de vélo.
On prend une bière, enfin 2 d’entre nous, le 3ème a fait vœu de ne boire que de la « San P » jusqu’à l’arrivée.
On se donne des trucs de diagonaliste aguerri ou en devenir : « En fin de journée, il faut mouliner, comme ça tu prépares au mieux la journée du lendemain »
La pizza est préparée sur place, mais la garniture est très épaisse et trop grasse.
Le dessert est avalé sans entrain.
Mais Denis et moi dînons en compagnie de Laura, alors que Jean-Luc rate le spectacle et lui tourne le dos.
Laura ? C’est Laura Fernandez. Elle chante pour nous durant les 60 minutes de notre repas, l’écran devant nous passant en boucle des extraits de ses concerts sans doute les plus réussis, et montrant une artiste souriante, habillée de couleurs vives, aux épaules et aux jambes plus ou moins dénudées.
Je ne la connais pas, on se renseigne, c’est une chanteuse de « soft rock ». Elle est d’origine espagnole. Comme Patricia.
6. Le pont de Saint Nazaire (début du Jour 2)
Depuis que Denis nous a envoyé le parcours, ça me trotte dans la tête : on va franchir le pont de Saint Nazaire !
3300 mètres de long et 68 mètres de haut
Ça ne représente pas grand-chose pour mes collègues mais dans ma famille, le point de Saint Nazaire, c’est un repoussoir, le truc qu’on essaie d’éviter à tout prix.
Enfin surtout pour mon père : il a le vertige, un bon gros vertige bien corsé, de celui qui vous fait transpirer même en voyant la photo d’un trapéziste.
Le problème, c’est que j’ai vécu mes 20 premières années près de Rennes et qu’on allait assez fréquemment en vacances sur la côte atlantique. Avec un chemin tout tracé : celui qui fait passer sur LE pont.
Mais pas chez nous ! On évitait soigneusement les 68 mètres d’altitude, préférant faire plusieurs dizaines de kilomètres en contournement.
Alors 30 ans plus tard, même si je ne suis pas moi-même soumis au vertige, il reste quelques traces et je me demande comment je vais faire pour franchir le pas et être – peut-être – le premier de la famille à affronter le « monstre ».
On part tôt en ce début de Jour 2, 4h30, c’est marqué dans le plan.
Le pont se dresse devant nous dès les premiers kilomètres, Jean-Luc et Denis roulent devant, je fixe leurs lumières arrière pour éviter de regarder sur le côté, ça monte un peu, le revêtement n’est pas des plus agréables mais c’est finalement une route normale … que je passe les mains en haut du guidon, tout à ma victoire intérieure.
Même pas peur.
7. « Je ne veux rien savoir ! » (Jour 2)
Le 2ème jour se passe bien, on retrouve un temps ensoleillé et même chaud. La cadence est conforme aux prévisions, même un peu mieux mais j’apprends que c’est fait pour, on prévoit des vitesses de roulage volontairement minorées, ça évite les baisses de moral.
Nous arrivons à Nalliers (km 411) un peu avant midi, il est trop tôt pour déjeuner dans le bar restaurant que nous ciblons mais le patron est d’accord pour nous faire des sandwichs
L’après-midi continue sur le même mode mais nous nous rendons bientôt compte que déjeuner d’un sandwich un jour de diagonale n’est pas suffisant. Le plan de route ne prévoit pas de pause à Saint Jean d’Angély (km 495) mais il faut faire quelque chose : la boulangerie qui nous accueille ne pensait sans doute pas faire autant de vente avec seulement 3 clients, tout y passe, sucré comme salé.
Et la boulangère doit nous trouver bien fatigués : elle va chercher des chaises pour que nous puissions nous assoir pendant cette pause improvisée.
La suivante (Cognac – km 531) est prévue au programme mais elle dure plus longtemps que les 15 minutes réglementaires, il faut cette fois s’hydrater.
Nous évoquons les 35 kilomètres restants jusqu’à l’étape du soir.
Denis indique qu’il reste 3 montées, 2 faciles et 1 dure et je demande pourquoi on a besoin de savoir ça.
J’ai rencontré 2 types de cyclotouristes au club, ceux que transforment tout en données chiffrées et les autres. Pour les premiers, la vitesse, le D+, le vent et la force du vent sont bien sûr importants mais également le nombre de montées, le nombre de minutes de pluie, le % de participants qui ont fini dans les temps, le temps d’arrêt lors des pauses, …
Je ne suis pas de ceux-là et je me serais bien contenté de savoir qu’il y avait 35 kilomètres à faire. Qu’il y ait des côtes à affronter, je m’en rendrai compte suffisamment tôt, elles s’imposeront de toutes façons sous mes roues.
A partir de maintenant, je préviens mes compagnons de route : « je ne veux plus rien savoir ! »
8. Vaincus par les chihuahuas (Jour 3)
Le parcours est vraiment plus vallonné. Je soupçonne Denis d’avoir cherché toutes les montées possibles et de les avoir intégrées à « son » parcours. Parce qu’avec la fatigue et toutes ces montées, le parcours devient « son » parcours, je me désolidarise totalement.
Ce sera la même chose en fin de ce jour 3 quand le parcours empruntera longuement une voie verte (très bonne idée !) mais avec des chicanes tous les 500 mètres, des chicanes si serrées que je pose le pied à terre à chaque fois, quand mes 2 compagnons passent aisément, j’ai même l’impression que c’est un jeu pour eux.
Retour en début d’après-midi, le rythme se fait plus saccadé, on enchaîne les montées, on subit le soleil et on cherche des bonnes raisons de faire des pauses.
Justement, Jean-Luc repère un cimetière dans une montée, avec un parking en pente, une bonne occasion de remplir les bidons certes, mais également de soulager temporairement les fesses et les cuisses (promis, je n’ai pas mal au dos).
Denis qui nous suit à quelques dizaines de mètres fait signe qu’il continue sa route et qu’on le rattrapera plus tard. Il est comme ça Denis, il n’est pas d’origine italienne pour rien : qui va piano va sano …
Nous trouvons le robinet (il faut grimper pour l’atteindre), remplissons les bidons, redescendons avec les cuisses bien raides (une dame me dit que je donne l’impression de « marcher sur de la neige ») et reprenons nos vélos.
Deux chemins sont possibles : redescendre le parking sur quelques dizaines de mètres et reprendre la route là où on l’a laissée
Ou tenter le fond du parking, il semble que ça débouche un peu plus haut sur la route et ça nous ferait gagner quelques mètres de grimpette.
Bien sûr, on tente le fond du parking.
Mais une horde de chihuahas déferle de nulle part, aboyant, gesticulant, semblant protéger l’accès. Au moins 10 kilos à eux 4 mais un nombre de décibels assez impressionnant pour d’aussi petits modèles.
Jean-Luc est le premier à faire demi-tour (non, je ne dénonce pas), je me rallie courageusement à sa décision et nous reprenons la route avec quelques mètres de D+ supplémentaires … mais les mollets intacts.
9. Le taquet de 400 mètres à 15% (Jour 4)
J’en ai entendu parler pour la première fois lors du briefing de veille de départ : « j’ai étudié la trace, il y a un taquet de 400 mètres à 15% le jour 4 ».
La rencontre est même géolocalisée : « ce sera au kilomètre 144 ».
Et ma capacité à surmonter l’épreuve est mise en doute : « t’es en 28 à l’arrière ? pas sûr que ça passe ! »
Ça fait 4 jours que je vis avec la promesse de ce moment difficile à venir, qu’il faudra affronter avec la fatigue accumulée et – peut-être – la chaleur que j’associe systématiquement au Sud de la France.
Je ne dis rien, mais je compte les kilomètres restants avant LA rencontre. Peut-être que mes compagnons y pensent aussi, même si aucun ne l’évoque.
On passe un col (plutôt gentil), on se lance dans la descente. Encore 10 kilomètres … 5 … 2 … 1 … 0 … -1 …-5
Ben, il est où le taquet ? Ne me dites pas que j’y ai pensé depuis des jours et qu’il se défile là, comme ça, au dernier moment …
Nous sommes dans les gorges de Galamus, lieu que je découvre et qui offre de superbes paysages.
Les gorges sont étroites et profondes, la rivière est 60 mètres plus bas, il y aurait effectivement un taquet de 400 mètres à 15% si nous devions monter de la rivière jusqu’à la route.
C’est un bug d’OpenRunner nous explique Jean-Luc, il n’y a jamais eu de taquet.
Quand je dis que je ne veux rien savoir …
10. Du bleu pour la photo (fin du Jour 4)
La coutume au sein du club – je l’apprends à cette occasion – veut que l’apprenti diagonaliste soit préposé à la validation des carnets de route au commissariat de la ville d’arrivée.
Je suis donc chargé de cette tâche qui peut s’avérer plus ou moins aisée en fonction de la personne à l’accueil du commissariat : on me raconte qu’il faut parfois parlementer longtemps, demander et obtenir l’appel du chef, voire du chef du chef … jusqu’à l’obtention du coup de tampon salvateur.
A Perpignan, c’est un peu différent : nous ne sommes pas encore descendus de vélo qu’on nous accueille les bras ouverts : « Tiens voilà des diagonalistes ! ça va ? vous venez d’où ? »
Autant dire que le bizutage se passe pour le mieux, le coup de tampon n’est pas loin.
On prévient le chef, je ne connais pas son grade (peut-être commissaire ?) mais il n’a pas d’uniforme. Il s’intéresse aux Diagonales, on lui raconte les 6 villes (non, non, Menton n’est pas en Suisse), l’explication de la non-contiguïté des villes de départ et d’arrivée est plus compliquée (on doit être fatigué) mais on y arrive. Tout est consigné dans le cahier du chef qui promet d’en référer au responsable de la communication.
Mais en attendant, « on va faire une photo, on va vous chercher du bleu ». Le chef rentre dans le commissariat et revient avec des collègues en uniforme (bleus, donc).
On prend la pose, façon équipe de foot.
On a gagné !
11. Epilogue (J + 1 mois)
On est rentré par le train de nuit, on a soigné quelques bobos, on a expliqué aux amis qui nous ont pris pour des fous.
J’ai aimé rédiger ce compte-rendu qui m’a replongé dans cette aventure de 4 jours.
Alors, bien sûr, il y a plein d’autres souvenirs dans ma tête et dans celle de mes deux compagnons.
Comme cette crevaison en début de jour 2, la seule, qui a freiné ma progression sur le seul kilomètre un peu caillouteux du parcours. Déjà, je commençais à critiquer intérieurement le « parcours de Denis ».
Ou ce déjeuner du jour 3 en plein marché typique à Villereal : Denis a fait le tour des restaurants de la place pour chercher du foie gras car il paraît que le foie gras est un ingrédient essentiel lors d’une diagonale, pas autant que la « San P » mais presque. On a fini dans une (très bonne) pizzeria .
Et cette lune rousse qui nous a accompagnés chaque matin du côté de notre épaule gauche.
Pour finir, je veux remercier mes 2 chaperons sans qui je ne me serais pas lancé dans l’aventure.
Ils m’ont persuadé que je pouvais tenter le pari, et je suis prêt à recommencer. Mon sac à dos aussi.