PBP2023 selon Bertrand: « Après Dreux, quand on est sans problème dans les délais, la pédalée est assez euphorisante ! »

Sous la forme d’une interview en quelque sorte de Bertrand qui a achevé cette année son 9ème Paris Brest Paris…

En préalable, je tiens à souligner le niveau de performance de Lionel et de Jean-Luc : j’avais fait légèrement mieux en 1995, mais j’étais bien plus jeune qu’eux et, surtout, le parcours était moins difficile : excepté le début de course, par St Léger, plus facile, tout le reste a été durci : après Villaine la J, après Corlay, et surtout les nouveaux parcours Fougères-Tinténiac, Tinténiac-Fougères, Tinténiac-Loudéac, Brest-Carhaix et Carhaix-Loudéac.

Préparation, entraînement: pas assez, trop, quel dosage ?
600 km en août avant le départ me semble insuffisant : il faudrait au moins 1000 km. Au départ, j’avais 10300 km depuis le 1er janvier.

Bagages: comment s’en tenir à l’essentiel ? Est-il possible d’acheter en route ? Une ou plusieurs tenues ?…
J’emporte toujours des objets ne me servant pas : antivol, cartes routières… On a procédé à un changement de tenue : un sac, avec une tenue et du ravitaillement, apporté par Jean début août, nous attendait à l’hôtel de Sizun (km 568).

Et la météo: la chaleur notamment, du vent…?
Grosses amplitudes thermiques, avec canicule la journée. Vent du N-E, gênant sur le retour. Quasi absence de pluie (quelques gouttes avant Dreux, puis avant Rambouillet)

Dormir: où ? Hôtel, infra de l’orga du PBP, dans le fossé… ? Quand, la nuit ou pas que ou juste qd t’en peux plus… ?
Première nuit sans problème sur le vélo. 2ème nuit : hôtel à Sizun, de 4h30 à 9h30 : douche, court sommeil et petit-déjeuner. 3ème nuit : 1heure de semi-sommeil dans une salle à Loudéac. 4ème nuit : ½ heure dans un local municipal entre Villaine et Mortagne puis une heure d’authentique sommeil au dortoir de Mortagne. Pour une fois, je n’ai jamais eu sommeil sur le vélo.

Manger: les plateaux de l’orga sont-ils suffisants ? Sinon quoi ? Emporter, acheter dans des petits commerces… ?
On peut manger en quantité dans les selfs des points de contrôle, mais le problème est l’affluence chronophage, à certains endroits. Aussi, on a eu parfois recours à des « formules déjeuner », dans des boulangeries

Assistance ou pas assistance? Rouler en binôme ou trinôme… le prévoir ou improviser… ?
Nous n’avions pas d’assistance. On devait rouler à 4 : Sylvie, Jean, moi, et Dominique, qu’on devait rejoindre dans la journée du lundi (partie 2h avant nous). Malheureusement, on est resté à trois, puis deux après l’abandon de Jean.

Avais-tu un plan de marche et as-tu réussi à le tenir? Ou au contraire, impro totale?
Pas de plan de marche, sinon le but d’arriver à l’hôtel avant 1h du matin, objectif non atteint.

A quelle allure rouler? Notamment à l’aller… doser ou c’est tjrs ça de fait…?
Dans cette optique, il fallait une bonne moyenne roulée, ce qui a été le cas (22 km/h à Brest), mais, à trois, les arrêts sont plus fréquents et plus longs…

Et la nuit ? Aimes-tu rouler la nuit ou pas ? Comment tenir son rythme ?
Je n’aime pas rouler de nuit, sauf peut-être la première, s’il fait doux et sec. On a l’impression de progresser convenablement, mais en fait on se traine à 17-18 km/h !

L’ambiance du PBP ? Des rencontres avec d’autres cyclistes? (Il parait que certains…) Ou des spectateurs…?
PBP est l’occasion de revoir ses amis de la « grande distance », notamment diagonalistes. Là, j’ai été particulièrement heureux de rouler, à trois reprises, sur quelques kilomètres, comme en 1991 et 1995, avec Jean-Claude CHABIRAND, désormais seul recordman des PBP homologués, avec 13. Ils étaient encre trois à en avoir homologué 12, en 2019, mais Alain COLLONGUES, de l’ACP, n’a pu participer, et LAMOULLER, le vice-président de la FFCT, a terminé hors délais (94H)

Après Dreux, quand on est sans problème dans les délais, la pédalée est assez euphorisante ! Pareil à Brest quand on entame le retour en contemplant la mer.

Sinon, pour l’éventuelle prochaine fois, j’envisage de renouer avec le départ à 5h du matin (comme en 1991, 1995, 2003 et 2011) : il n’y a que deux ou trois nuits à passer !