Paris-Brest-Paris 2023 s’est achevé, pour moi, hier à 14h09. Le temps de retirer ma médaille, de partager un – vrai – repas, bien mérité, avec des compagnons de route, le temps de dormir deux heures, le temps de rentrer et le temps de re-dormir, presque toute la journée… Voici, un retour sur cette aventure, qui, présentement, me laisse orphelin.
Le Paris-Brest-Paris, c’est toute une histoire ! Laissez-moi commencer par le pourquoi de ma participation à ce Paris-Brest-Paris 2023. Rassurez-vous, je saurai me montrer concis. Ma rencontre avec cette épreuve mythique, remonte à la fin des années 90. 1999 pour être tout à fait précis. À l’époque, notre président, Jacques Marie et le membre du Bureau, Jean Perruchot m’avaient entraîné depuis, un bon moment déjà sur les – très – longues distances. J’avais à mon “palmarès”, un Paris-Rome-Naples, un Paris-Valloire-Le Galibier, plusieurs Bordeaux-Paris, des flèches de France, des Audax, des BRM… Je me sentais prêt à tenter l’aventure. J’étais pourtant un peu juste, mal organisé et malchanceux… En effet, la semaine précédant l’épreuve je me cognais brutalement le genou contre le coin du frigo. Il doublait de volume (le genou, pas le frigo !!!). Je prenais le départ et après deux arrêts à l’infirmerie, j’en finissais à Brest.
Mais comme je déteste rester sur un échec, je corrigeais mes erreurs et m’engageais sur l’édition 2003, avec un tableau de marche millimétré, un vélo sur-mesure, une assistance et plein d’enthousiasme. Mais comme, sur un PBP, rien ne peut se dérouler comme planifié, après le contrôle secret de Bécherel, en une trentaine de minutes, la température s’élevait de plus de 20°C… Ma cale gauche se dé-serrait, mais je ne m’en rendais compte que du côté de Loudeac (vous pouvez lire ça dans le TOP Vélo daté d’octobre 2003, me semble-t-il)… Arrêt à l’infirmerie de Fougères. Massage, repos, calvaire… Je terminais avec les tripes, en me jurant que s’en était définitivement terminé du Paris-Brest-Paris ! La vie pouvait reprendre son cours. J’allais faire des cyclosportives, des longues randonnées (à étapes), mais plus faire dans l’extrême distance.
Le chiffre 20
Et puis, l’an passé, mes collègues du Cycle (dont un certain Frédéric P., adhérent du VC Massy) me parlaient de participer au PBP, de faire les brevets pré-qualificatifs en 2022 et qualificatifs, en 2023… Je me rappelais de ma décision de 2003. Je me rappelais de la difficulté de l’épreuve. Point question de les accompagner. Mais alors, pas du tout.
La vie se moque bien des décisions bien arrêtées ! En 2023, l’ACP s’apprêtait à fêter la première édition du PBP Randonneur (né en 1931) et je fêtais mes 20 ans d’abstinence au PBP ! Je me suis dit que ça aurait de “la gueule” que de s’offrir un PBP 20 ans après, l’année de la 20e ! Je me disais aussi que ça ferait un beau cadeau de 21 ans, à ma fille aînée, à qui j’avais offert, pour sa première bougie, mon premier PBP terminé.
Partant de là, en 2022, je décidais de faire un BRM 200 (une distance habituelle pour moi), puis un BRM 300… Je me prenais au jeu, avec le plaisir toujours aussi intense de rouler au moment du lever de soleil. Du coup je faisais un BRM 400 où je rencontrais des gens très sympas, qui finissaient de me convaincre de faire un BRM 600. C’était le week-end le plus chaud de l’année, mais ce fut aussi une grande satisfaction personnelle.
Je me laissais tenter. J’adorais. Je changeais – presque – d’avis. Je me laissais la possibilité de participer au 20e PBP Randonneur de l’ACP. Je me remettais en selle pour les brevets qualificatifs. BRM 200, BRM 300, BRM 400 (avec Denis) BRM 600… J’effectuais même un second 600, dans la foulée du premier, “afin d’accompagner” un copain à se qualifier… C’est en tous cas ce que je claironnais sur tous les toits. En réalité, dès la mi-janvier (2023), je m’étais préinscrit à l’épreuve suprême. J’avais bel et bien changé d’avis !
La préparation
Il fallait assurer une préparation optimale. Et comme nous le savons tous, les brevets qualificatifs sont nécessaires, mais pas suffisants. De plus, lorsque l’on travaille, il faut composer avec une disponibilité limitée ou avec le risque de se laisser prendre par la fatigue… C’est un véritable exercice de funambulisme où il faut faire des choix. Certains parleront d’arbitrages. En ce qui me concerne, j’avais opté pour une à deux sorties hebdomadaires, plus celle du week-end. Au final j’avais 200 à 300 km au compteur, chaque semaine depuis le mois de mars.
Une fois la qualification en poche, je décidais, comme vu plus haut, de doubler le 600 km (et uniquement le 600). Je voyais là une bonne manière d’appréhender la gestion d’une telle distance (600 km), notamment sur les questions d’alimentation, d’hydratation et de sommeil. Cela m’a permis de constater que je n’étais pas capable d’assumer une nuit complète sur le vélo et que le meilleur des choix, pour moi, était d’effectuer trois 400 km entrecoupés de quelques heures de repos. Un départ à 5h, le lundi, permettait d’éviter une nuit complète au bout de quelques heures de vélo. La réservation d’un hôtel à Loudéac (sur le parcours) allait dans ce sens.
Fin juin, début juillet, une fois l’inscription au PBP actée, il fallait poursuivre l’entraînement, de manière régulière, afin de ne pas perdre le bénéfice des brevets qualificatifs. Ayant réalisé deux BRM 600, je décidais de faire l’impasse sur le BRM 1000, histoire d’éviter la fatigue. Et après une semaine 26, tranquille, consacrée à la Saumur Vélo Vintage (si vous y allez, emmenez un vélo sans intérêt historique… C’est une épreuve de gravel, qui ne dit pas son nom), je m’employais à effectuer au moins 250 km hebdomadaires, avec le moins de sorties possibles et, de préférence, avec un 200 km “plein de casse-pattes”. Je tenais ce rythme jusqu’au dimanche 6 août. Ensuite, je baissais la cadence, pour m’arrêter complètement de rouler jusqu’au 15 août. Le 17, je m’octroyais une sortie plane et tranquille de 58 km.
Le matériel
Ayant fait, depuis deux ans, tous mes brevets avec mon CYFAC Absolu V1 de 2013 (cadre carbone T800, groupe SRAM Force 22, roues Fulcrum 0 montées en Continental GP 5000 “vieux” de début juillet, cintre et potence Fi’zi:k Cyrano R1 et selle Fi’zi:k Tempo Aliante R3). On ne change pas une formule qui roule… Surtout quelques semaines (ou quelques mois) avant l’échéance du PBP.
La vraie problématique matérielle était celle du paquetage lui-même. Qu’allais-je emporter, sachant que j’avais décidé de ne faire appel à aucune assistance ? J’ai fait le choix de voyager en semi-léger avec une sacoche de selle (11L), une petite sacoche de dessus de cadre (1,5L) et une sacoche de dessous de tube supérieur (2,5L). Cette configuration libérait le cintre et donc préservait une certaine légèreté de la direction.
Dedans je mettais des chambres à air, des Rustines, des cartouches de Co2, une mini-pompe à haute capacité de gonflage, des barres, des compotes et des purées pour toute la durée du PBP, une batterie Go’Lum, deux batteries Garmin, un Garmin Explore (au cas où mon Edge 540 montrerait des signes de faiblesse), un chargeur et la câblerie nécessaire, ainsi qu’un tube de NOK (pour le postérieur et pour les pieds). Côté vêtements, je prévoyais un sous-vêtement filet, un sous-vêtement 10°C, une veste thermique, un maillot manches longues, un maillot manches courtes, un imper léger, un cuissard et deux tours de cou. Avec le petit sac à dos fourni par l’organisation, je pouvais assurer des ajustements en cours de route. Une brosse à dents et un mini tube de dentifrice venaient compléter le dispositif.
Je portais des chaussures Q36.5 Unique route (je n’ai jamais disposé de chaussures aussi confortables et aussi performantes !), un casque Kask Protone doté d’une lampe frontale Go’Lum lxLum+ et des lunettes Koo Demos (avec insert optique).
Au fait, je suis certain que vous vous êtes fait la remarque : “Tiens, il n’a pris qu’un seul cuissard…” Et vous aurez raison ! Je sais d’expérience, qu’un seul cuissard est largement suffisant. C’est même préférable, s’il convient parfaitement à sa morphologie. En effet, il sait limiter les frottements et sur la durée, se montre capable d’intégrer la crème, appliquée plusieurs fois. Et puis, disposant d’une grande sacoche de selle, j’avais, en cas de pluie, comme un garde-boue… C’était l’assurance de garder mon postérieur à peu près au sec.
Le cheminement jusqu’au départ
Partant le lundi 21 à 5h, j’avais le retrait de mon paquetage, le dimanche 20 à 12h45. Afin de limiter le stress (je dis bien « limiter », car je suis toujours excessivement nerveux avant ce type d’épreuve), je décidais de quitter Tours (où je réside) le samedi vers 18h, pour m’arrêter dormir à Chartres (à deux pas du départ de la Blé d’Or). D’autres cyclos avaient eu la même idée que moi, puisque l’hôtel était randonneur à 90% ! Je rentrais dans l’ambiance progressivement.
Une fois à Rambouillet, je parviens à faire abstraction de la pression avec une visite au concours de machines (il y a vraiment beaucoup de créativité chez les artisans du cycle), un repas partagé avec des copains (futurs compagnons de route) et, surtout, je vais discuter avec les camarades de club ou les confrères, qui s’apprêtent à s’élancer ce dimanche. Un bon moyen d’évacuer le reste de pression. Un bon moyen de partager des expériences, avant le grand départ, lundi matin à 5h.
Vers 18h30, je laisse l’effervescence du site départ, pour retourner à la Bergerie Nationale, où j’ai laissé ma voiture (dans laquelle se trouvait mon fier destrier), afin de préparer mon vélo pour le lendemain matin (gonflage, installation des sacoches, des lumières et des plaques de cadre) et, surtout, aller au dortoir essayer de dormir avant le petit-déjeuner et avant le départ.
Ce choix du dortoir était sans doute une erreur. Je me trouve, certes, à proximité immédiate de ma voiture, de mon vélo et de la zone de départ, mais il n’est pas possible de dormir correctement (trop de stress partagé, ronfleurs, pensées parasites…). D’ailleurs, je ne pense pas avoir dormi une seule minute cette nuit-là… Mes compagnons de dortoir, non plus…
Levé à 2h50, je m’habille promptement et file à la voiture sortir mon vélo, mettre mon casque, mes lunettes et mes chaussures, direction le petit-déjeuner. Le thé vert, les tartines, pains au chocolat et chausson-aux-pommes, sont avalées rapidement. Il est temps de passer au contrôle des vélos et de se placer dans le sas de départ W où je dois retrouver, Éric, un collègue orléanais avec qui j’ai déjà effectué un BRM 400 et un BRM 600… Impossible de l’apercevoir (il y a 240 cyclos dans ce sas). En revanche, j’entends parler français… Ça fait tilt dans ma tête. Je me faufile entre les cyclos pour rejoindre les “cousins”. Nous allons effectuer les premiers kilomètres ensembles.
En avant
5h02… Je passe le portique de départ, avec les “cousins”. L’allure est modérée, le petit plateau est de mise. Nous sommes tous en phase d’échauffement. Mais ça ne dure pas. Au bout d’une quinzaine de kilomètres, la vitesse se stabilise autour des 25 km/h. C’est un peu trop rapide, mais je suis bien et je me laisse entraîné par un bavardage avec l’accent du Québec… Jusqu’à ce qu’un besoin naturel m’oblige à m’arrêter. Je laisse partir mon groupe et repart avec un peloton un peu moins nombreux. Un peu moins véloce aussi. Ensemble nous poursuivons jusqu’à Mortagne-au-Perche (km 119,7)… Le jour est bien là. La température monte progressivement.
Ce n’est pas un site de pointage. L’arrêt est rapide. Il s’agit simplement de remplir les bidons. Je repars avec quelques Québécois. Les groupes se font et se défont. Et les petites bosses s’enchaînent. Je retrouve Éric, en pleine forme. Nous arrivons ensemble au pointage de Villaine-la-Juhel (km 203), avec une moyenne de 27,66 km/h. Mais Éric veut repartir tout de suite. Je veux prendre le temps d’un petit ravitaillement…
Une trentaine de minutes plus tard, je suis de nouveau sur le vélo. Je fini par rattraper Éric. Direction Fougères. La chaleur monte. Maillot manches courtes de rigueur. Je gère, comme je sais le faire. Je m’asperge régulièrement d’eau, je baisse l’allure et je m’attache à boire une gorgée tous les 2 km… J’ai bien appris les commandements de Vélocio… Boire avant d’avoir soif, manger avant d’avoir faim…
À Fougères (km 292,5), Éric repart directement ou presque… Je prends le temps de me recharger en sels minéraux et de m’offrir des lasagnes. Une heure plus tard, je suis de nouveaux sur le vélo, direction Tinténiac ou m’attend Christophe, un copain cycliste du cru, avec une Badoit, des chips et sa bonne humeur. Je retrouve une dernière fois Éric, qui semble avoir pris un coup de chaud…
À Tinténiac, la présence de Christophe, venu avec ses jumeaux, est un vrai réconfort, d’autant que j’ai l’impression d’être en retard sur mon tableau de marche et que je me demande comment je vais passer la nuit. Point de souci, je rencontre Salim, un Randonneur d’Australie. Nous roulons ensemble toute la nuit… C’est d’abord moi qui mène le rythme, il mènera un peu plus tard et nous arrivons ensemble à Loudeac (km 435), un peu exténués… Pour cause, nous ne nous sommes pas arrêté. Probablement que nous ne nous sommes pas, non plus suffisamment alimentés. Pointage. Je file à l’hôtel (préalablement réservé pour l’aller et pour le retour), pour une douche bien mérité et pour dormir quelques heures.
Le lendemain vers 6 heures, je suis sur le vélo. Je prends difficilement mon rythme et j’ai faim. Un ravitaillement (à Merléac me semble-t-il) me permet une petite pause. Une soupe et une tarte aux poires me permettent de me refaire une santé. Je repars.
C’est là que je rencontre les Gentlemen d’Anjou et leur “fameux Lionel”, l’homme aux 11 PBP. Ensemble nous évoluons plusieurs dizaines de kilomètres, non sans passer par le contrôle secret de Canihuel (pas sûr). Mais le petit groupe s’arrête dévaliser une boulangerie. Je continue à mon rythme jusqu’à Carhaix (km 514,9). Je m’octroie une nouvelle soupe et un café.
Je repars, avec les Angevins, mais ils ne semblent guère apprécier l’âpreté des bosses qui se présentent immédiatement à nous. C’est en solitaire que je m’envole à l’assaut du Roc’h Trévezel. Du côté de Sizun, je retrouve Olivier, l’un des Québécois. Ensemble nous virons à Brest sous un insupportable cagnard. Ravitaillement. Je fais régler mon dérailleur avant et nous repartons… avec les Angevins.
Le retour
Olivier a rapidement besoin d’un peu de sommeil. Un autochtone d’Hôpital-Camfrou lui propose l’hospitalité, chez lui, pour quelques dizaines de minutes de sommeil. En bon samaritain, je l’attends à un bar, pour boire une Badoit et reprendre des chips. Nous repartons et retrouvons Marie-Madeleine, une véloce bretonne avec laquelle j’avais roulé quelques kilomètres, avant d’arriver à Fougère.
Les longues montées et les longues descentes s’enchaînent. Je me régale. À Pleyben, le second contrôle secret nous permet un ravitaillement, à quelques minutes de la tombée du jour. La barquette de pâtes au jambon est un régal. Marie-Madeleine ne traîne pas. Nous continuons en duo avec Olivier. C’est là que j’apprends qu’outre-Atlantique, une eau gazeuse peut également désigner un coca…
Au pointage de Carhaix (km 697,1), nous retrouvons d’autres Québécois, dont Sébastien et Martin. Nous repartons groupés. Nous roulons ensemble, toutes lumières allumées. Martin à les jambes qui le démangent. Il décide de partir seul, pour tenter de ne pas dormir. Avec Sébastien et Olivier, je m’arrête à tous les ravitaillements proposés d’autant qu’il commence à faire – extrêmement – frisquet. Nous gardons pourtant un rythme correct. C’est ainsi que nous arrivons, vers 5h30 du matin, au pointage de Loudéac (km 782,2), un brin fatigués. Le couchage s’impose. Je file à l’hôtel. Mes compagnons de route s’offrent le couchage officiel. Nous convenons de repartir vers 9h.
Pour moi ce sera 9h30. Je gère les choses un peu comme je peux, en m’arrêtant aux ravitaillements proposés par les riverains. Je ne retrouverai Sébastien qu’à l’approche de Tinténiac (km 867,3). Mon ami Christophe ne tarde pas à nous retrouver. J’en profite pour déguster une galette-saucisse. Quel délice ! Café, Badoit, chips. Nous repartons sous le cagnard.
La portion qui nous mène jusqu’au contrôle de Fougères (km 928,2) est un calvaire sans nom. Je suis en surchauffe, j’ai du mal à boire et je n’avance pas. Sébastien s’envole. Peu importe, je parviens à gérer, même si je m’entends pester contre cette traversée de la ville, qui n’en finit pas.
Après le pointage, je m’offre une grande bouteille d’eau gazeuse, un repas de pâtes et quelques minutes de repos. Je fini par repartir en solitaire, espérant accrocher un compagnon, pour rouler la nuit, d’autant que des éclairs et quelques goûtes laissent présager quelques heures d’orage. Heureusement, il n’en est rien. Je roule quelques instants avec Pascal. À Chantrigné, ravitaillés par des autochtones nous passons en mode nuit. Mais mon compagnon de route est en bout de course, je fini par le lâcher dans une énième bosse. Je termine avec Thierry. Au contrôle de Villaines-la-Juhel nous prenons le couchage et repartons à 2h30 précises, non sans avoir pris le petit-déjeuner.
Quelques kilomètres plus loin, je retrouve Martin. Il adopte un rythme plutôt rapide. Je parviens à le suivre. Nous filons à vive allure jusqu’au contrôle de Mortagne-au-Perche (km 1099). Mais au lever du soleil le marchand de sable passe pour moi… Repas, repos, nous repartons, sur le coup de 8h, quelques instants après Sébastien, qui s’est octroyé quelques heures de sommeil.
La remise en jambes est compliquée. Mal à la selle et grosse fatigue. Je suis lent, j’ai envie de dormir. Je laisse Martin filer et à Maillebois, je m’arrête dans le bistrot local. Je me vois interpeller le patron. « Puis-je dormir sur ce coin de table et vous commander un café en suivant ? » Je le fais rire. Je dors 20’, avale le café et repars.
C’est impressionnant, je retrouve une énergie insoupçonnée. Je passe sur la plaque et appui… Je m’offre une heure à 30 km/h de moyenne. Un randonneur allemand, prend ma roue, juste pour me dire qu’il a été ravi d’avoir pris ma roue durant la nuit écoulée… Et dire que je ne l’ai même pas remarqué, durant cette nuit.
Je continue à la même allure, histoire de retrouver un collègue avec qui j’avais fait le BRM 400. Le pointage de Dreux est assez rapide (mais j’aurais dû l’écourter davantage). La pluie s’invite sur mes derniers kilomètres. Je continue de rouler vite… Mais je fais attention. L’approche sur Rambouillet n’en finit pas. Je suis trempé, mais je tiens le bon bout.
Le final
Je lâche les chevaux, tandis que les nerfs lâchent. J’éclate en sanglots. Je vais pouvoir annoncer à mes filles, ma réussite. Voilà, j’en ai fini. Le vélo est au parking, je fais pointer la dernière case du carnet de route, je retire ma médaille et file manger. Je retrouve les cousins québécois. On partage une bière. On partage un Paris-Brest.
Voilà, c’est fini ! Je l’ai fait ! Avec le suivi et les encouragements du CTVS, mon club de toujours. Adieux. Je file à la voiture, range mon vélo et m’octroie deux heures de sommeil. Retour à la maison. Retour avec mes filles. Fierté partagée. Je sais que j’aurais pu faire mieux. Mais je l’ai fait, sans aucun problème mécanique, sans la moindre crevaison et c’est là le plus important !