Pour mon premier PBP, j’appréhendais la première nuit et la nécessité pour moi de dormir une heure ou deux, pour être en forme la longue journée du lundi. L’appréhension s’est confirmée : alors que je pensais souffler dans les points de contrôle, je découvre que ces derniers ne sont pas idéaux pour se détendre (Gilou avec son accordéon à Mortagne m’a tout de suite mis au parfum) avec très peu de zones herbeuses pour s’allonger. A Vilaines j’hésite à prendre un couchage mais l’accès a l’air compliqué, donc je décide de continuer en me disant que je dormirai sur le bas-côté de la route. Erreur d’appréciation car avec la rosée l’herbe est trempée jusqu’à 10 heures du matin.
Les 12 premières heures ont été brutales et j’arrive à Fougères vers 9h30, déjà bien entamé physiquement. Vingt minutes de sieste et je repars avec un paquet de TUC, un Coca et le soleil qui me réchauffe…ça va tout de suite mieux. Je rencontre Jean (et son compère) et nous roulons un peu ensemble mais j’ai besoin de faire une pause : je m’arrête manger une crêpe (on est en Bretagne quand même) mais ça ne suffit pas. Je me rends compte alors que je gère mal mon alimentation et je m’oblige alors à manger un plat chaud toutes les 4 heures si possible.
J’arrive à Carhaix vers minuit avec la folle envie de dormir dans un dortoir mais il y a la queue et je me dis que je vais perdre du temps. N’ayant pas la force de repartir, je rejoins dans le restaurant les autres cyclistes zombies couchés entre les tables. Cette scène m’a bien fait rire. Mais avec le brouhaha impossible de dormir. Je décide de repartir : à cet instant je suis en route depuis 32 heures et je n’ai dormi qu’1h30 en cumulé. Je me dis que je vais souffrir. Et effectivement l’étape pour Brest restera la plus éprouvante. Les soupes du crêpier de Sizun me font du bien et je m’endors dans le hall du Crédit Mutuel pendant une heure ; je me réveille avec de la chance car je n’avais pas mis de réveil ! Mais j’en ressors frigorifié. Les kilomètres suivants m’invitent à abandonner et à rentrer en train, ayant eu ma dose d’émotions.
Arrivé à Brest vers 9h30, je prends une douche, mets un nouveau cuissard et maillot et ça va beaucoup mieux ! Étonnamment je n’ai pas envie de dormir alors je repars. La vue de la mer rend l’épreuve plus agréable et je savoure l’étape vers Carhaix avec ses petits cols.
Le retour se passera mieux que l’aller. En ce sens j’ai pu dormir 2 heures à Loudéac (en dortoir) et 3 heures à Mortagne en plein air. A chaque fois j’ai essayé d’arriver 2 heures avant le délai de fermeture du point de contrôle. Pour moi, cela ne laissait pas beaucoup de temps pour dormir.
J’ai poussé mon corps au-delà de ses limites mais je suis satisfait d’être allé au bout. J’en retiens aussi que je n’aime vraiment pas rouler de nuit. Pour cette raison, je ne referai pas Paris-Brest-Paris mais j’invite tous ceux qui réussissent un BRM 600 à le tenter !
Quelques enseignements :
- Avoir un tube de biaphine (vos fesses vous diront merci)
- Une petite sacoche de guidon pour manger en direct (plus pratique que la poche du maillot)
- Prendre à minima une douche (surtout quand on a une baisse de forme ou de moral).