Dos au lever de soleil.
Mercredi 7 mai 2025
Préambule
9é diagonale. J’ai prévu de la faire en solo pour tester mon rythme. En particulier comment je passe une nuit complète pour la première étape. Assez tôt dans la saison car aucun massif montagneux à traverser. Petite inquiétude ces derniers jours par un mouvement de grève des contrôleurs annoncé à partir du 8 mai. Petit coup de fil de Jocelyne qui me demande si je suis d’accord pour la voir au départ. Quelle question ! Évidemment que ça me fera plaisir.
Strasbourg mercredi 7 mai 12:41
Le trajet TGV inOui a été sans encombre,
Jocelyne est à l’arrivée du train. Elle m’offre un café puis m’accompagne au commissariat 13:30. Nous partons ensemble; c’est toujours bien sympathique d’être guidé par une experte pour quitter Strasbourg. On se salue ; il fait beau, la bise Nord-Est bien installée ; C’est parti pour cette 9e!
Il fait frais et je garderai mon collant jusqu’au lendemain après-midi.
Mon parcours emprunte une magnifique voie verte le long de la vallée des éclusiers.
Arrêt pointage boisson à Sarrebourg 17h. Les jeunes serveuses craintives ont longtemps hésité avant de m’autoriser à consommer la salade de fruits de Jocelyne (« le patron vient de partir alors vous pouvez »).
Ensuite je récupère canal de la Marne au Rhin à Gondrexange. Très joli et souvent le vent me pousse. Quasi aucun promeneur ; juste des pêcheurs impassibles et de nombreux hérons qui s’envolent à mon arrivée. Je passe sans m’en apercevoir le Col des Français.
Après l’étang de Réchicourt-le-Château je suis impressionné par sa grande écluse et ses 15m de hauteur de chute d’eau. Je garde le bord de canal jusqu’à Nancy atteint pile à l’heure pour dîner dans un resto japonais très bien. Puis je m’habille pour la nuit.
À Toul, 22h30, je cherche et trouve de l’eau pour remplir les bidons.
La nuit est installée, et la route entre Menil-la-Horgne et Ligny-en-Barrois contient des portions très très très dégradées, c’est inquiétant à la lueur du phare.
Il fait maintenant très froid (6c) et j’avais repéré un camping à Ligny-en-Barrois où je prévoyais de bivouaquer. ‘Las, le camping est fermé et je me rabats sur un DAB chauffé! J’écrase donc 1h15 (environ) et je repars à 3:05 après avoir tout enfilé car dehors il fait déjà si froid.
Je passe le cap des 5:00 sans difficulté (à ma grande surprise) en revanche vers 6:00 ça devient compliqué avec une forte envie de dormir. Il me tarde d’atteindre (en longeant le canal Entre Champagne et Bourgogne) Vitry-le-François.
6:00 un jour férié, aucun bar ouvert, malgré le marché qui s’installe. La boulangerie fera l’affaire. café latte et éclair choco, mon combo favori.
Sur le tronçon suivant j’avais prévu des routes pour éviter la N4, mais en passant devant et je vois qu’elle est quasi déserte et bien plus directe alors je tente.
Je la prends donc en ce 8 mai pour 45 km jusqu’à Fère-Champenoise. C’est étonnant, je suis très peu doublé, de très rares camions. C’est bien roulant et pratique pour traverser ces paysages marnais désolants d’agriculture intensive souvent malodorante d’ailleurs.
Je récupère ma trace pour le pointage à Sezanne où je prendrai un thé et des biscuits de la sacoche.
J’y oublie mon bonnet posé sur une chaise. Ce n’est pas la première fois que j’oublie quelque-chose en quittant un lieu après une courte nuit…
À Coulommiers, je déjeune à l’abri du soleil mais bien couvert car le fond de l’air est frais. Une salade froide poulet mangue avocat, parfaite.
La Brie très jolie à traverser, avec ses petites bosses et ses bois.
La fin de journée fut un peu pénible ; j’ai oublié de vérifier les 30 derniers km que komoot avait tracés. Erreur de débutant. Enfin, j’arrive fin d’après-midi chez moi. Les spaghettis bolognaises sont prêtes ! Quel bonheur 🙂 tout le monde est aux petits soins pour moi.
Étape 1 : 488Km et 3 300m D+. Je ne tarde pas à rejoindre mon lit.
Je m’embrouille un peu avec mon manque de sommeil sur les vêtements à prendre et à laisser. Je troque mon collant, qui sera trop chaud les prochains jours, pour les jambières. C’est plus simple dans une chambre d’hôtel : on prend tout ce qui est là. Pas de question à se poser.
Je craignais un peu ce passage à domicile, finalement c’est très bien.
Vendredi 9 mai départ 4:00. Sans encombre jusqu’à Houdan. La circulation est encore très raisonnable, la PC le long de la N12 est une succession de soulèvements racines, très pénible et qui plus est, du côté gauche ; ébloui par les voitures qui viennent en face pleins phares. À ne pas refaire.
Contrôle à Houdan : la boulangère: « ah non je n’ai pas de tampon c’est encore une course de vélo ? J’ai déjà dit que je peux signer mais pas de tampon ». J’irai prendre un thé en face, le cafetier très sympathique tamponnera le carnet.
Toujours du plaisir à traverser Le Perche, ainsi que l’Orne, et la Mayenne.
Temps frisquet jusqu’à 14:00. Je retire les jambières pour 1h à 20 degrés puis les nuages sont arrivés avec 3 gouttes en milieu d’après-midi.
Après un arrêt déjeuner contrôle à Le Mêle sur Sarthe « avant on écrivait Le Mesle vous savez ? » m’indique la serveuse de ce resto. Un fish and chips avec frites maison et molles. C’est pourtant pas compliqué de faire deux bains pour de bonnes frites. Grompf.
Les Alpes mancelles portent bien leur nom et rendent le voyage intéressant.
Arrêt croissant jambon à 17:25 à Oisseau.
Contôle photo à St Denis de Gastines (gastine : terre inculte)
Ce vendredi jour de gloriole. Dès le matin je croise 3 jeunes cyclos sacoches partant vers Caen et me demandent : « Ah oui Fougères ce soir ?? ouah bravo ! »
Puis le midi la serveuse « Eh ! en cuisine ! le monsieur là il va direct à Brest demain, et il est parti de Strasbourg ». Et le soir le serveur au Buffalo grill : « et bien monsieur, vous êtes un vrai cycliste » en m’apportant mon supplément pommes de terre.
Étape 2 : 302km 2 500m D+ Feuille de route respectée. C’est très satisfaisant.
Départ 3:30 samedi 10 mai. C’est plus tôt que la feuille de route mais comme je me suis réveillé… Petit dej possible à l’Ibis.
Guidé par une lune rousse jusqu’à la fin de la nuit. Contrôle photo à Vignoc avant 6:00.
Rares sont les villages et boulangerie. Et ce n’est qu’à 7:30 à Saint-Jouan-de-L’Isle que je trouve une station-service pour un vrai petit dej.
À10:00 à Plougénast contrôle boulangerie. Je mange ma tartelette aux pommes dans une ambiance lourde, au son du glas, face à l’église où se rassemblent de nombreuse personnes.
11:00, à Uzel un cyclo local me rattrape, nous échangeons quelques mots, il m’évoque son désir de faire le prochain PBP à sa retraite. Il prendra un cadre alu car il n’a pas confiance dans le carbone qui n’a encore pas fait ses preuves (!). Il m’indique le CarrefourCity tout proche car il n’y a aucun ravito sur ma trace dans les 40 prochains km. Merci du tuyau ! ce sera donc hachis parmentier froid préparé par CarrefourCity sur un banc. Idéal !
Arrêt propice car la pluie arrive. Pas bien méchante mais suffisante pour bâcher débâcher bâcher etc
Justement ce matin je notais que le vélo était toujours propre après 900 km… la pluie sur les routes à tracteurs a effacé cette remarque.
Je roule « en dedans » ; la fatigue, le temps couvert, je manque d’entrain. Un arrêt café et éclair choco à Plouvenez-Quintin qui me sortira de ce coup de mou de ce milieu de journée.
Je m’attendris devant une renarde suivie de ses deux petits qui longeaient la route et qui traversent à mon arrivée.
Contrôle à Carhaix-Plouguer avec boisson, panacotta et cône glacé. J’échange au téléphone avec Jean-Michel Vermeire qui roule aussi vers à Brest. Il arrivera finalement dimanche après mon départ en train.
Des montées, des descentes, des montées etc, j’ai bien choisi mon tracé !
Il fait chaud, les orages sont tout autour à l’horizon, du point de vue Roc’h Douroc.
Je sens quelques gouttes, je crains que le déluge ne s’abatte sur moi car les grains sont partout. Je m’habille, pour rien finalement. J’ai trop chaud je me déshabille, il repleut, j’en ai marre je garde le vêtement, j’ai trop chaud, il repleut, etc et ça monte, et ça descend, ainsi de suite.
Selfie sur LE pont Albert-Louppe face à la Rade de Brest. Je suis rejoint par un cyclo qui spontanément me propose d’immortaliser le moment. Quelques mots échangés, il est d’un club longue distance avec de nombreux PBP aux compteurs. Ça gronde, tonnerre de Brest dirait le capitaine.
Dernière bosse, frôlé par quelques excités Brestois de ce samedi soir. Il me tarde de finir vraiment.
Le tampon au commissariat de Brest est obtenu après le classique appel au chef qui, souriant, explique au bleu le sujet.
Petite déception à l’arrivée à l’hôtel Ibis près du port : pas de dîner. Et à 20:30 sur le port tout est plein en ce samedi soir. Après un peu d’attente, je passe en second service.
Repu, dîner fini, je tente encore ma petite gloriole auprès d’un serveur chef de salle qui est très très affairé. Il me regarde, m’écoute poliment et me dit « ah oui, parti de Fougères ce matin? Ah, Vous avez pris votre temps, non?» raté !
C’est qui Jocelyne ?