Commençons par les faits. La météo fut de notre côté, pas de pluie, presque pas de vent et très rarement défavorable, pas de soucis mécaniques (pour une fois !), pas même une petite crevaison pour perdre du temps, éclairages fiables et optimisés, équipements « au juste bien », un parcours clairement balisé et aucuns soucis de Garmin (pour une autre fois !), pas de douleur ou de blessure. Il ne restait donc qu’à gérer le sommeil et l’alimentation et, enfin, à pédaler.
Pour ce qui est de pédaler, ce premier PBP fut une véritable « orgie ». Et comme quand on mange beaucoup, on perd le gout propre de chaque met. Ma mémoire ne permet déjà plus de rapporter les sensations et le vécu de chaque tronçon.
Je me souviens tout de même des premiers avalés dans l’agréable fraicheur du début de la nuit (départ à 19h15). Ils furent donc surement parcourus un peu trop vite même si j’ai veillé à ne pas trop tomber dans cette erreur.
Le souvenir du tronçon de retour entre Tinténiac et Loudéac est plus amer. Ce fut de très loin le plus pénible mais j’avais retenu de finir mon deuxième jour en ayant bouclé 800 km, je voulais m’y tenir. Contrairement aux conseils des anciens, j’avais dormi à Carhaix (aller) et non à Brest et j’avais loué un gite afin de pouvoir me reposer au mieux de l’enchaînement des 500 premiers km. La nuit courte au gite et les deux étapes vers et depuis Brest, très escarpées avec des revêtements médiocres avaient bien entamé les forces au retour à Carhaix. L’entêtement à gagner Loudéac se fondait sur l’expérience des brevets ; les 400 km qui resteraient alors jusqu’à l’arrivée me semblaient une distance « gérable ». C’était compter sans le soleil de l’après-midi. Malgré deux « micro-siestes » et l’aide des nombreux
riverains, généreux pourvoyeurs d’eau tout le long de la route, j’ai attrapé un solide coup de chaud et atteint Loudéac « je ne sais comment ». La douche y fut bienvenue. Je choisis de dormir deux heures dans le gymnase après le repas donc de repartir aux alentours de minuit. Comme je l’avais craint, on y dort mal (temps perdu pour l’allocation du lit, bruits divers, température), j’ai regretté de ne pas avoir suivi mon option initiale de « l’abri bus le plus proche ».
La fatigue et le manque de sommeil ont mélangé les autres étapes dans ma mémoire, elles furent toutes marquées de traversées de villages retentissant à toute heure d’applaudissements enthousiastes, de « coups de moins bien », mais aussi de groupes sympas et de rencontres de cyclos du monde entier dans des états proches du mien donc d’encouragements et de solidarité.
Ainsi, de raidillon en raidillon, on finit par se dire que celui-là n’est pas pire que le précédent et que ce serait trop dommage de s’arrêter après ces efforts. Et l’arrivée finit par arriver. Ouf, et là, j’ai du mal à marcher, non pas à cause de douleurs mais simplement parce que la coordination des muscles est maintenant celle du coup de pédale. Me voici médaillé, avalant sans réel appétit le repas et prêt pour une sieste de trois heures qui sera interrompue par la pluie.
L’aventure fut superbe et les combats contre la distance, le sommeil et l’envie de « se mettre aux mots fléchés » sont gagnés. La fierté est là, la bière et la pâtisserie sont de nouveau autorisées !!
Grand merci à tous ceux qui m’ont amicalement incité, conseillé et encouragé.