Rentré de voyage samedi soir, avant veille de mon départ 84h lundi 5h.
Les prévisions météo sont assez robustes : il n’y aura pas de pluie, sauf un peu lundi soir, vent contraire pas trop fort qui tournera pour être contraire même au retour. Grrr.
Visite du vélo dimanche tôt le matin. Je laisse le vélo sur place. Il pleut.
Je voulais revenir tôt pour voir les départs des 80h du club (CTVS) mais les derniers préparatifs prennent plus de temps que prévu avec la tête « prise » par cette crève déclarée.
Je verrai les départs des 90h. Ambiance festival international (3/4 d’étrangers), soleil et cyclos allongés dans l’herbe devant l’immense file de vélos dans le sas de départ. Tiens? un pneu qui crève dans le sas, on dirait que certains découvrent leur monture !?
Dîner à là bergerie puis nuit dans dortoir avec lit et drap couverture fournis par la protection civile.
Levé 3h petit-déjeuner 3h30 départ 5h
Je me sens patraque ; un ibuprofen fera l’affaire.
Nous partons dans la nuit fraîche sans plus.
Je suis le train de tête pendant qq dizaines de km. Effarant comment les stop sont ignorés.
Je lâche et fait binôme avec Milosz un jeune usa sur une randonneuse acier moderne made in USA.
Mon garmin s’éteint. Trop confiant je fonce tête baissée et c’est Milosz qui me suivait qui me prévient de notre sortie de parcours. détour de qq km #tempsperdu
L’arrivée à Mortagne-au-Perche n’est pas folichonne, je prends des spaghettis Bolognaises pas terrible qui me resteront sur l’estomac tout le reste de la journée. Quasi 1h d’arrêt. #tempsperdu
Je n’ai aucun ravitaillement sur moi à part mélange salé de fruits secs et qq barres.
Cette première journée sera celle du doute.
Aigreurs d’estomac, aérophagie (je passe les précisions) tête prise et mal de gorge , toute cette course qui ne dit pas son nom me semble loin de mes attentes.
À Villaines dans l’après-midi c’est le pompon, je me perds dans ce village immense !
Une soupe fera l’affaire. Et hop encore 1h d’arrêt. #tempsperdu
L’intérêt de partir le lundi matin c’est que je n’ai jamais attendu ; ni aux pointage ni au stands resto. L’envers de la médaille c’est une ambiance fin de soirée après le départ de la plupart des invités : désordre et saletés.
Bon faut rouler.
Je ne fait pas gaffe au temps et fait du vélo comme d’hab; qq photos par ci par là.
Petit vent de face et je suis seul. Je ne sais pas relancer tout seul, je me laisse rouler « tranquille ».
Dès le Perche et jusqu’à Brest vois des personnes qui applaudissent; qui sont là la journée complète voir plus, assises à regarder et encourager les cyclos.
Marrant et plutôt revigorant.
Fougères. Resto au top. Ça me fait du bien. Je prends le temps d’une toilette de chat (sans douche) pour passer mon teeshirt de nuit (laine). 1h15 d’arrêt.
La nuit est tombée. La pluie arrive.
Je bâche pour une heure ou deux je ne sais plus.
J’arrive à Tinténiac avant 1h et repartirai vers 3h15 après 1h30 dodo dans un vrai lit de l’orga locale. Reposé je repars d’attaque. Le vélo et sacoches trempés par la brume épaisse.
Nuit froide et très humide je me cache le torse avec couverture de survie.
Je me dis que respirer cette brume froide et pénétrante devra me soigner les bronches prises. Néanmoins j’apprécie rouler la nuit, je trouve ça reposant.
Le lever de soleil est toujours une partie agréable. Je reprends plaisir
Il fait beau. Arrivée Loudéac pour le petit-déjeuner 45 min d’arrêt, ça c’est bien. Tout en y ayant croisé 3 CTVS déjà sur le retour! Jean-Luc, Lionel et Guigui, 3 fusées qui feront respectivement moins de 65 et 67h.
Arrêt stand crêpes sur le bord de la route (où?) je retrouve Milosz. Marrant.
Carhaix-Plouguer à 13h. Pierre Bonnet reporter Cyclist. Arrêt 30min. Ça c’est top! Bravo Denis!
Petit coup au moral quand au niveau du Roc`h Trévézel, avant d’avoir attaquer les bosses avant Brest, je croise des centaines de cyclos déjà sur le retour.
Les gens sur le bas côté applaudissent.
Des stands où de l’eau et le café à disposition sont fréquents.
J’évite de boire du café en rando, j’ai remarqué que ça me retournait le bide.
Arrivée sur Brest splendide en fin d’après-midi.
2h avant fermeture du contrôle (pour les 84h). Le resto du pointage Brest est fermé ils n’ont plus rien débrouillez vous. Toutefois j’y reste 45 min.
Sauf que j’ai toujours le ventre vide. Arrêt resto galette complète à Landerneau – 30 min c’est claqué. Merci le restaurant plein qui m’a servi en urgence. Je souhaite garder un œil sur le vélo ? Pas de pb rentrez dans la salle avec, passez entre les tables pour rejoindre votre place en cours intérieure ! Ça s’est fait sous les yeux amusés des convives qui reconnaissent un fada du pbp. Le ventre plein je repars la nuit va arriver.
Les bosses entre Brest et Carhaix-Plouguer sont parsemées de cyclo, asiatiques la plupart, à droite et gauche, un sentiment d’atteinte de limite. allongés, assis , seuls ou par deux ou trois. Souvent À la limite entre route bas côté.
Je ne résiste pas toujours face aux attaques des stands d’initiatives individuelles réguliers. Autrement dit : je m’arrête et grignote souvent, trop. #tempsperdu
Arrivée à Carhaix-Plouguer (10 min avant fermeture) 00:45, je dors au sol, assis dans un coin enroulé dans couverture survie 1h.
Je repars à 2h30
Nuit fraîche mais sans plus. Je respire en sifflant tel un asthmatique en crise . Super
Dans la nuit noire, sur la route de Rostrenen, j’aurais de belles illusions hallucinations optiques contre lesquelles je ne lutterai pas : sous mon phare, la route se pare de splendides motifs colorés ainsi que le bas côté. Après les premiers micro sommeil en roulant je me décide à faire une pause assis pour un somme rapide (<20min)
5h 5h30 c’est le contrôle secret à St Nicolas,
Mercredi est levé
Loudéac vers 8h (1h de retard sur le créneau pointage des 84h) petit déjeuner. 1h d’arrêt.
Il fait vite très chaud ce mercredi. En ce retour on roule face au soleil et le nez non crèmé a pris cher.
Tinténiac 14h il fait très très chaud. J’ai 40 min de retard sur le créneau d’ouverture du contrôle.
Je commence à me préoccuper de cette histoire de Plage horaire de contrôle à respecter. Surtout que les valeurs sur le carton sont différentes du règlement en pdf. Perturbant. J’y reste 45 min.
Moment d’inquiétude, je ne retrouve plus mon tour de cou en laine, après qq minutes de questionnement dois-je en racheter un indispensable pour la prochaine nuit ? Je m’aperçois que je le porte un peu enfoncé sous mon teeshirt. Ceci expliquerait-il que j’ai bien chaud ?
Je deviens aphone ce mercredi.
Je retrouve Milosz (!) qui me dit que la personne qui pointe lui a annoncé qu’il ne concourrait plus! Qu’il n’est qu’un simple participant sans poss d’homologation; il est assommé.
J’interroge les membres des pointages, le trouble est partout. Faut-il respecter les plages ou seulement se préoccuper du temps global ?
Fougères 17h30 je n’ai plus que 10 min de retard . Je reste plus d’une heure.
Étant dans le groupe de queue j’ai donc fait déjà 3 contrôles au delà du délai, j’avais mal fait ma feuille de route … pourtant je respecterai largement le 84 heures … ces calculs de plages horaires de contrôle m’échappent.
Cet après-midi j’ai croisé plusieurs fois le groupe Jean P
Après multiples arrêts crêpe galette saucisses et autres gâteaux grillades , miam sur la route en pleine nuit.
Cette succession de ravito spontanés me sera providentielle et très utile pour la dernière nuit.
Arrivée à Villaines-la-Juhel à minuit juste avant la fermeture de contrôle. je compte y dormir.
Prépare mon couchage au milieu des cyclos qui dorment n’importe où entre les chaises
Je m’allonge puis vérifie la feuille de route
Horreur ! Je me suis trompé de ligne !! C’est à l’étape suivante que je pourrai peut-être dormir. Sinon je serai hors délai.
Ça fait 3 fois que je suis hors délai pour les derniers pointage je dois rattraper ce retard.
Les pointeurs ne savent pas quoi répondre, je me lève en vitesse et repars dans la nuit. 1h sur place pour pas grand chose #tempsperdu
Ce sera la partie la plus remarquable. Psychologiquement et visuellement.
Je suis donc en fin de peloton, imaginez des dizaines de cyclos plus ou moins en perdition en cette nuit de mercredi à jeudi (les meilleurs sont déjà arrivés depuis belle lurette).
À ce moment là les 90h et les 84h qui sont derrière moi encourent un fort risque de ne pas valider leur pbp. Une ambiance générale de déroute.
Je déroge à mon principe et prends du café proposé régulièrement. Ça s’avérera efficace.
Et pendant ces 88 km je vais lutter pour continuer, jusqu’à m’imaginer des histoires pour tenir, compter les morceaux de gâteaux que je mange. « À chaque km un croc » . Je file à belle vitesse (je crois 🙂 et dois avoir le petit plus de dynamisme car je serai souvent suivi. Nombreux cyclos , silencieux, chacun lutte intérieurement. Qq rares cyclos roulent en écoutant de la musique.
Je ne serai jamais seul sur cette étape de nuit noir. Un long serpent lumineux vivant qui se coupe se recolle perd des écailles.
Les vêtements réfléchissants des asiatiques sont surprenant ; des bandes des pieds à la tête ! Dans les faisceaux de la file de vélos ininterrompue, on voit des extraterrestres lumineux qui sont sur les bas côtés, couchés, débout, en groupes, sont impressionnants. J’irai jusqu’à confondre des cyclo avec les zébra de la DDE!
Des stands de distribution de café sont fréquents. Je consomme!
Ce mercredi j’aurais vu des personnes qui dorment n’importe où, voire sur le bord de la route, effrayant
Le bonheur, émotion véritable à l’arrivée de Mortagne-au-Perche à 6h.
Cette fois je suis en avance d’1h sur la fin de contrôle.
Je croise Stéphane Gibon organisateur de brm et traversées de France.
Je refais les comptes: je peux dormir. Je prends ! 1h15 dans ce gymnase, des centaines de tapis de sol sont alignés. On vous conduit au votre et vous êtes réveillé à l’heure demandée. à 7:30 jour est levé.
Une personne a laissé une part de cake olive emballée dans l’aluminium sur ma sacoche. Quelle bienveillance.
Le départ se fait au soleil levé,
Ce sera la fin de cette rando. Plus d’inquiétude maintenant. J’ai largement le temps de faire les 120 derniers km dans les délais. De beaux paysage, de belles côtes passées au ralenti.
Le soleil devient vite fort.
Qq personnes rencontrée quelques rares relais, je préfère rouler seul finalement.
Arrêt achiparmentier à Dreux et hop on finit sous un fort soleil avec 2h15 de marge.
J’arrive un peu ému, pas trop. Il fait très beau , je croise Didier Hume , il y a encore bcp de monde à la bergerie.
Je retrouve un peu de voix et démarre qq quinte de toux.
Dîner offert avalé, je cherche sans succès des têtes connues, je fais qq photo selfie gloriole et finalement , bien fatigué je me décide à partir en voiture. Quel présomptueux! Après qq km très laborieux à lutter pour garder les yeux ouverts je m’arrête pour une sieste.
La prochaine fois :
Soit je refais un départ lundi matin car c’est plus tranquille et sans attente aux contrôles.
Soit 90 et je prends le temps de faire plus de photo.
Ou je me botte le c. Et je fais le 80. Avec une prepa et une gestion des arrêts plus sérieuse.
Surtout j’essaye de ne pas revenir de voyage la veille.
Ici j’y suis aller la fleur au fusil et j’ai été surpris de la difficulté du dénivelé très casse-pattes. Je me suis très fréquemment arrêté, entraîné par cette ambiance festive qui m’a bcp plu.
Essayer sans dormir et boire du café?
Bravo pour ce super PBP et merci pour le texte plaisant à lire. A bientôt sur la route Denis.