C’était mon premier PBP, avec, au départ, 2 ou 3 certitudes après le BRM 1000 de début juillet : capacité du bonhomme à tenir la distance et à passer sans problème au moins 1 nuit blanche ; Mais aussi quelques interrogations : quid de la 2ème nuit et de la journée suivante ? (à ce moment-là, je ne comptais pas passer une 3ème nuit sur la route…)
Pas de plan établi à l’avance, avec temps de passage à tel ou tel endroit. C’est à peine si je connaissais le nom des villes étapes entre Villaines et Carhaix. Je savais simplement qu’il y avait de 80 à 100km entre chacune d’elles. Les seuls objectifs étaient ‘macro’ : accrocher le groupe de tête, si possible jusqu’à Villaines, rouler ensuite jusqu’à Brest, repartir vers Carhaix et aviser à ce moment-là.
Départ en fanfare avec Lionel à 16h30 le dimanche; Dès la sortie du parc de Rambouillet, on se met à la planche pour essayer de recoller au peloton de tête, déjà loin devant. Il nous a fallu chasser 10 bornes jusqu’à l’entrée de St-Léger pour y parvenir (38km/h de moyenne sur les 10 premiers km). Mais c’était l’objectif initial et je me dis qu’à partir de là, les pulsations vont descendre tranquillement pour retrouver un rythme d’endurance plus compatible avec ce qui nous attend. Grosse erreur : le cardio est resté très (trop) haut jusqu’à Villaines. Ça n’est qu’ensuite qu’il est descendu progressivement pour se caler au rythme attendu un peu avant Fougères. J’insiste là-dessus parce que c’est le truc qui a rythmé mes 300 premiers km. Nuit tranquille et pas trop fraîche.
La grande affaire du lundi, c’est le vent d’ouest qui nous enquiquine dès le matin et se renforce dans la journée pour devenir vraiment pénible à la traversée des monts d’Arrée. Impossible de faire la descente sur Brest à plus de 30 ou 35km/h à cause de ce fichu vent. La traversée du pont de Plougastel était même dangereuse aux endroits où le parapet en béton cède la place à des grilles métalliques entre lesquelles le vent s’engouffrait en rafales. J’ai failli perdre l’équilibre à la première transition et je me suis vraiment méfié des suivantes.
Arrivée à Brest à 18h21 après une dernière bosse bien pénible (parce que je la connaissais) sur une piste ‘cyclable’ jonchée d’éclats de verre.
Douche, changement de tenue, restauration ; total : 2 heures. Départ pour Carhaix à 20h30 ; Le vent d’ouest très fort est tombé dans l’intervalle et ne nous servira pas pour le retour sur Carhaix autant qu’il nous a embêté à l’aller.
Arrivée à Carhaix vers minuit. Il faisait déjà frisquet. Contrôle, restauration, échanges avec Guillaume que nous avons retrouvé ‘en fil rouge’ tout au long du PBP, et se pose la question du sommeil ; Nous décidons de dormir ‘un moment’ dans le réfectoire à même le sol, comme tout le monde. Vers 00h45, je m’installe entre 2 cyclos, les pieds entre leurs têtes (ça ne rentrait pas dans l’autre sens). Lionel dormait déjà. Réveil un ‘moment’ après : il était plus de 3h00 !! nous avons passé plus de 2 heures sur le carrelage du réfectoire. Lever vasouillard ; L’occasion de contempler une armée de gisants ; On aurait dit un de ces films ‘catastrophe’ dans lesquels un virus décime toute une population en 5mn…
Pas vraiment de souvenir de l’étape jusqu’à Loudéac ; Sauf qu’il faisait froid, et que je me maudissais de ne pas avoir pris au moins 1 tour de cou. Avertis par Guillaume de sa présence dans la salle ‘restauration rapide’, nous allons saluer Denis qui ‘petit-déjeune’ tranquillement avant de continuer sur Brest.
Quelques souvenirs gastronomiques de l’étape suivante avec une pause casse-croûte à Quédillac vers midi ; il faisait beau. 2 galettes saucisse et 1 crêpe Nutella (cette dernière meilleure que les galettes, qui auraient mérité de voir une poêle à frire avant de rejoindre nos assiettes). 2 autres crêpes nature pour la route (j’ai retrouvé la seconde dans ma sacoche de guidon 48 heures après avoir fini PBP et elle était encore bonne)
Tinténiac – Fougères : RAS, si ce n’est qu’on a roulé assez fort avec un petit groupe
Fougères – Villaines : arrêt café et crêpe au bord de la route vers 17h00 (il faut que je leur envoie une carte postale) et les derniers km à fond dans les montagnes russes avant Villaines avec un américain moustachu. Arrivée à 19h34. En attendant Lionel, qui a pris son temps, lui, j’entends le speaker dire que nous sommes 234 à avoir franchi le portique de Villaines et que 50 sont déjà à Rambouillet.
Départ de Villaines pour Mortagne vers 20h30 ; Belle lumière jusqu’à la nuit. Final pénible dans la nuit et la fraîcheur entre Mamers et Mortagne. Je me fais un petit plaisir dans les derniers km, autant pour me réchauffer qu’autre chose, en me mettant en tête du petit groupe qui nous avait rejoint après Mamers. Je me retourne : personne n’avait suivi ; Fait seul la dernière bosse qui amène à Mortagne.
Contrôle, restauration (pour moi, le meilleur self de tout PBP, avec plats vraiment chauds et de bons fruits) et petit somme de 35mn (avec alarme, pour ne pas se faire avoir comme à Carhaix)
Départ pour Dreux dans la nuit et le froid. Je me retrouve seul au bout de quelques km. Tout à coup, alors que je venais de jeter un œil à mon Garmin, une apparition devant moi : le tandem blanc Vagabonde du ‘Concours de Machines’ qui venait de repartir sous mon nez. Je me suis calé dans leur sillage quelques km, jusqu’à ce qu’ils tirent tout droit à l’entrée d’un village au lieu de prendre à droite. Ils m’ont rejoint environ 10 km plus loin et tiré quelques km avant de s’arrêter à nouveau (ils s’arrêtaient souvent, manifestement). Arrivée à Dreux à 5h52
Chocolat chaud et croissant en attendant Lionel qui arrive un moment après. Nous décidons d’attendre le jour (et le soleil) avant de repartir pour Rambouillet.
Départ de Dreux vers 7h00 pour une arrivée à Rambouillet un chouia avant 09h00 ; Nuque bien raide à la fin, mais ça a disparu dès la descente du vélo. Les jambes étaient dures depuis un moment déjà, mais répondaient encore.
Contrôle, médaille, plateau repas (sans la ‘pression’ pas encore disponible, malheureusement) et retour à Fontenay en voiture grâce à madame qui est venue nous récupérer à 11h00
Quelques considérations
Je pensais au départ terminer plus tôt, mais pour ça, il aurait fallu raccourcir vraiment le volet ‘restauration’ des arrêts et optimiser les temps de sommeil. Car n’avons jamais attendu aux contrôles pour faire pointer nos carnets de route.
Pour moi, la ½ heure de sommeil à Mortagne a été aussi profitable que les 2 heures ¼ de Carhaix.
Côté boisson, j’ai fonctionné au Coca le lundi, mais j’ai saturé rapidement et suis ensuite resté à l’eau.
Pas de souci côté matériel : aucune crevaison (tubeless Schwalbe de 28mm), dérailleurs électriques Ultegra Di2 bien pratiques et confortables, éclairage avant B&M sur moyeu dynamo SON-Delux qui n’a pas failli (+ recharge compteur Garmin). A ce sujet, les pancartes directionnelles étaient implantées trop haut ; il faudrait qu’elles soient mises à 80cm du sol max. pour entrer dans le faisceau de nos phares
Il me reste donc de cette affaire de bons souvenirs, une petite bronchite, et quelques fourmillements côté externe de la main gauche, ainsi qu’aux orteils du pied droit. J’espère qu’ils auront disparu avant le prochain PBP…