PBP2019 selon Paul, « je me suis endormi plusieurs fois sur le vélo » (récit)

Pour ma part, la chance n’a pas été au rendez-vous. C’était pourtant bien parti, j’étais en avance sur le planning que j’avais établi.

Mais juste avant d’arriver à Fougères (sur l’aller), ma pédale droite s’est fendue, mon pied glissait vers l’extérieur et je ne pouvais plus me mettre en danseuse!
Arrivé au contrôle, j’ai cherché à changer mes pédales mais l’atelier de réparation sur place n’en n’avait pas.

Je suis donc reparti avec ma pédale cassée. Sur la route, je me suis arrêté une première fois auprès d’un gars qui bricolait sa voiture, il a trouvé deux risants dans son garage mais en repartant le problème était identique. J’ai avancé comme je pouvais, je me suis arrêté de nouveau et j’ai demandé un bout de fil de fer à une personne qui m’a gentiment permis de fouiller dans son hangar.
J’ai attaché tant bien que mal ma pédale avec le fil de fer et je suis reparti.

Au bout d’un certain temps, j’ai commencé à ressentir une douleur au niveau du tendon d’Achille due à la surépaisseur du fil de fer. Pour me préserver, j’ai donc été obligé de forcer sur l’autre jambe jusqu’au prochain contrôle puis j’ai ressenti une douleur sur le côté du genou gauche (toujours présente actuellement).

Et la chance est revenue, le vélociste présent au contrôle de Tinténiac avait le même jeu de pédale dans son magasin à l’autre bout de la ville. Il a fallu aller les chercher, j’ai donc attendu que la réparation se fasse.

Avec cette mésaventure, j’ai perdu plus de 2 heures que j’ai payées très cher par la suite car pour récupérer ce retard, je n’ai pas dormi autant qu’il aurait fallu seulement 1 heure de sommeil à Loudéac en tout et pour tout. La peur d’être hors délai aux contrôles m’a paniqué, j’étais trop énervé, je n’ai pas géré mon repos ce qui par la suite a eu raison sur mon organisme, la fatigue s’accumulant, je n’ai pas réussi à rouler aussi vite qu’il aurait fallu.

Je me suis endormi plusieurs fois sur le vélo, il est impossible, arrivé à ce stade, de lutter contre le sommeil, je me suis complètement écroulé entre Fougères et Villaines. Il aurait fallu que je revienne à la raison et que je dorme à Fougères. Une petite anecdote, j’étais tellement désorienté par la fatigue que j’ai cru que j’étais arrivé à Villaines alors que j’étais dans la ville précédente (Loupfougères), j’ai sillonné de long en large plusieurs fois la ville afin de chercher le contrôle pour finir par m’apercevoir que ce n’était pas le bon endroit. Enfin arrivé, j’ai aperçu Denis (enfin je crois que c’était lui, j’étais en mode désorganisé dans ma tête) au self qui m’a demandé ce que je fabriquais à faire des allers et retours, à priori il a du voir mon errance dans la ville précédente!

J’ai quand même été au delà de Mortagne au Perche, mon carton est coché mais les portiques étaient démontés, c’est pour cela que je ne suis plus sur la liste après Villaines. Par contre, si je n’ai pas dormi, je n’ai pas arrêté de manger à chaque contrôle et en dehors, impossible de freiner une immense fringale! J’ai même réussi dans un petit village à jouer au loto pour conjurer le sort qui s’acharne sur moi et à discuter au bar avec les serveuses.

Avant de partir, j’avais changé une majorité de pièces sur mon vélo pour mettre toutes les chances de mon côté, roue avant, arrière, patins de frein, pignon arrière, plateau avant, chaîne, cales des chaussures, pneus sauf les pédales!
La déception est très grande, vu l’investissement que j’ai fait autant dans la préparation physique (toujours en solo) que sur le vélo.

Je n’avais pas l’intention d’y retourner si je l’avais passé, mais maintenant, le point positif, c’est que j’ai un nouveau challenge pour 2023.

Voici une photo de la pédale coupable de ma mésaventure, je n’aurai pas de pédales Time en 2023.

La leçon que j’en tire, c’est que pour faire face aux aléas, je vais m’entraîner à rouler plus vite et j’augmenterais mon kilométrages avant le départ.

La contrepartie de cette aventure, c’est que je vais devoir vivre avec un nid de fourmis dans chaque main pendant un certain temps, ce n’est pas agréable!
Sur le parcours, j’ai eu l’occasion de rouler sur plusieurs kms avec un randonneur des Carpates ( inscrit en rouge et en gros à l’arrière de son cuissard noir, étant en inspiration derrière lui , j’ai eu le temps de me faire un film! Était-ce le Conte Dracula?…) qui m’a emmené à un bon rythme, nous nous sommes relayés, je me suis convaincu que c’était quand même plus facile de rouler en duo que de rouler seul. J’ai fini par le laisser avant la tombée de la nuit car je n’avais pas pris de gousses d’ail au dernier ravitaillement, je n’ai pas voulu prendre de risque….. (une petite pointe d’humour). Trêve de plaisanterie, je l’ai perdu au contrôle, c’est dommage!

Sinon que dire de l’ambiance géniale, on côtoie des centaines de cyclistes de plusieurs nationalités avec le même but, gravir les difficultés de nos belles routes du Perche et de Bretagne pour aller au bout de la terre (Brest) et refaire le chemin en sens inverse, la barrière de la langue n’est pas un obstacle, on arrive à se comprendre. J’ai eu l’occasion de rouler souvent avec des japonais impressionnants de dignité, ils dormaient aux bords des routes tels des samouraïs les jambes en tailleur, le buste bien droit et la tête inclinée vers le sol. Les gens aux bord des routes nous encourageant par leurs applaudissements et toujours prêts à nous aider à la moindre difficulté. Les odeurs à la tombée de la nuit et au petit matin, les bruits insolites quand on passe dans les forêts en pleine nuit qui quelquefois nous obligent par peur à piquer un petit sprint. Les paysages magnifiques, une palette de couleurs à n’en plus finir, la pointe des arbres émergeant de la brume au lever du jour, on a l’impression de se trouver dans un tableau vivant. Tout ceci fait que l’on y retourne.

Une pensée particulière pour Gérard et même si je n’ai pas été jusqu’au bout, je lui dédie cette belle aventure.

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