PBP2023 selon David: « un petit somme sur un transat chez un particulier… effet PBP »

Préparation

C’est mon 3ème Paris-Brest-Paris (PBP), après ceux donc de 2015, année d’initiation à ce genre d’épreuve (départ groupe P en 90h) puis 2019 où plein d’enthousiasme j’avais pris un départ dans le groupe A et par conséquent en moins de 80h (même si j’ai mis 77h la première fois), ce qui rendait assez potentiellement périlleux ce choix, mais en fait conforté par les temps mis sur les brevets qualificatifs, et puis surtout d’autres brevets de plus de 1 000 km effectués avant 2019. Ce qui fut un bon choix, puisque effectué en 72h. Pour 2023, pareil, j’avais effectué d’autres brevets les années d’avant dont n-1 de 2022 dont la Ronde Aliénor d’Aquitaine (1 200 km) et London-Edinburg-London (LEL) (1 500 km) et qui me disaient que je pouvais encore m’inscrire en moins de 80h. Ceci étant d’une façon prudente et parce que j’avais 4 ans de plus, je me suis inscrit en 2023 plutôt dans un des premiers groupes de 90h (H), avec de plus l’idée statistique aussi que les conditions météorologiques seraient mauvaises. Au moins sur ce dernier point je me suis trompé ! Il a fait très beau, sans spécialement de vent, et voir une franche canicule (qui d’ailleurs ne me dérange pas spécialement).

Quoiqu’il en soit, j’avais effectué aussi courant 2022 les brevets pré-qualificatifs, et puis en 2023 qualificatifs (dont je double d’ailleurs ceux de 200 ou 300), avec pour le 600 le superbe Loire et Volcans en Auvergne par l’Audax Club Parisien (ACP) / Elisabeth L. comportant le dénivelé conséquent de plus de 8 000 m, et avec mes plus de 10 000 km depuis janvier (c’est à dire aussi avec des aller-retours travail/maison quotidiens) c’est donc avec toujours enthousiasme que je me rend à Rambouillet pour le départ à 16h45 le 20 août (à vélo depuis mon domicile à Chatenay-Malabry) d’autant que j’ai depuis moins d’un an un nouveau vélo en Titane. Je me suis fait un plan de route en fonction des temps mis aux différents points de contrôle de 2015 et 2019 recalculés avec mon départ à 16h45, et un calcul optimiste d’améliorer le temps de 72h (car oui PBP n’est pas une course, et bien une grande fête du vélo, et bien une randonnée, mais bon… au fond de sa tête une majorité d’entre nous désire voir ce que l’on vaut d’une fois à l’autre dans un challenge vis à vis de soi-même, toutes choses qui ne s’améliore pas forcément avec les années…).

Aller

Le départ de Rambouillet le dimanche après midi d’une façon très attendue part vite, et comme je ne veux pas brûler inutilement des cartouches et pour dire vrai ne n’aime pas (plus ?) trop me faire mal, et bien je roule d’un raisonnable rythme puisqu’avec une moyenne (arrêts boissons Mortagne compris) de 24.2kmh jusqu’au premier contrôle de Villaines-la-Juhel, et en cela encouragé depuis le début d’applaudissements de jeunes ou moins jeunes pas encore toujours mérités avant la nuit. Cette ville étape est très impliquée, la rue principale est consacrée au PBP pendant les 3-4 jours. J’y fais un premier vrai repas (soupe, plat féculents viande, fruit pour un peu plus de 10 euros) dans la grande salle à manger accompagné de la rue par des jeunes écoliers volontaires en pleine nuit, me donnant une jolie carte postale faites par leur soin (le lieu est un peu planqué, contrairement au snack qui ne fait que café-croissant), bref j’y passe une bonne heure (ou bout d’un peu plus de 200km je me dit que j’ai mérité…).

Je repars dans la nuit, et un des principaux obstacles (pour moi) de ces longues distances a commencé à pointer son nez : le manque de sommeil (qui n’est pas de la fatigue), et donc bien que je me sois reposé avant de partir et bien j’ai besoin dès la première nuit de dormir (1h à Hardanges au pied d’une église, peu après Villaines), et sans me rendre compte que j’étais à peine à 7km du Ribay (lieu informel très impliqué dans la gestion et le ravitaillement des cyclistes du PBP) où de confortables lits de camp m’attendaient potentiellement ! A Fougères le matin, je passe rapidement, je suis plutôt dans ma référence de 2015 déjà, je ne m’arrête pas tellement plus à Tintiniac, pour faire une pause repas à Quedillac que j’avais trouvé sympathique en 2019. La Loudéac, dans l’après midi, il fait chaud, une bonne sieste d’une heure et demi à l’écart dans un jardin derrière l’école (il y avait au niveau des vélos une sono assez assourdissante !). Je poursuis avec un court arrêt de 5 minutes au contrôle secret de l’aller à Canhuel puis un repas à St-Nicolas du Pélem. J’arrive finalement peu après 23h à Carhaix-Plouguer, après la montée du roc’h Trevezel baigné un peu dans le brouillard cette nuit là du lundi au mardi, et que je ne reconnais pas… (c’est pourtant bien la quatrième fois que je prend cette fameuse route), je ne vois pas l’antenne, et je suis seul, même pas de camion ni voiture, pas de cyclistes (je ne sais pas où ils sont passés !), et en fait dormant un peu (encore) sur mon vélo. Du coup comme je ne veux pas que la même mésaventure d’une longue descente en Écosse sur LEL, où je me suis retrouvé dans l’herbe, chute sans trop de blessure (si ce n’est une entaille au menton sur un petit muret), par « extinction de la lumière » dans mon cerveau sans aucune négociation possible de ce passage du sommeil et rêve… et donc, chat mouillé craint l’eau tiède, je fais préventivement un petit somme en haut sur un transat chez un particulier (il avait effectué lui même quelques années avant le PBP) avec sa camionnette proposant gentiment gâteaux et café ! C’est l’effet PBP avec un soutien sans faille des populations locales (ou pas) et une série d’attention (dont nous nous demandons si nous en sommes vraiment à la hauteur !).

Et j’arrive finalement à 5h du matin à Brest (je suis entre mes temps de référence recalculés à partir de ceux de 2015 et 2019). Je tente de manger, mais il n’y plus que des petits déjeuners à ce moment là. Je vois alors arriver Kenji F (que les cyclistes du polygone de Vincennes, et de Longchamp connaissent bien comme les amateurs de longues distances) qui arrive déjà, il était parti le lundi matin à 5h, et c’était son premier arrêt et il fera un temps de 57h15 ! Nous petit-déjeunons ensemble, et puis je vais dormir par terre derrière le réfectoire un peu moins de 2h (aucun lit de disponible).

Quand je quitte l’endroit, Kenji dort encore sur la même table dans ses bras (il me doublera peu après au niveau de l’emblématique pont pour le PBP Albert Louppe au petit matin, et pris cette fois ci après Brest.

Retour

Le retour vers Carhaix était annoncé difficile (y compris lors de la présentation porte de Charenton en janvier 2023 par l’ACP), mais avec mon Titane et en particulier le triple plateau avec un 28 et derrière jusqu’à 34 pignons (que je ne vais pas utiliser), je ne m’en rend pas trop compte, et en fait c’est une très belle étape, avec de charmantes petites criques comme de jolies églises ou monuments divers. Il y un contrôle secret à Pleyben, j’y retrouve Sina W et Victor D (ACP et cycles Victor à Levallois) qui ont décidé de faire la version 2023 en fixe (ils sont à leur quatrième PBP), et que j’ai vu à un peu prêt tous les contrôles depuis Mortagne-au-Perche avec aussi à cette étape le fameux Björn L. (42h26 en 2015) avec son épouse effectuant son deuxième PBP en tandem. Je vois aussi Christophe L avec qui nous nous sommes croisés maintes fois lors des brevets et déjà sur quelques contrôles aussi avec qui nous discutons sur les thèmes trucs et astuces sur PBP et autres longues distances. A Louedac repas, puis je refais à Quedillac un arrêt repas et surtout pour la première fois je prends un lit un peu avant minuit [nuit de mardi au mercredi] (de camp) pour un peu plus d’une heure, en me disant que cela devrait suffire pour la nuit, et rester dans mes temps prévisionnels (car je suis un peu au delà d’une heure). Et bien non le sommeil me rattrape vers 3-4h du matin, et je dors dans un abris bus 1h30 avant Fougères. Et j’arrive finalement à Villaines à l’heure du déjeuner (mauvaise heure pour le self), et du coup saucisse frites dans un des stands pour le publique (nombreux !). A Mortagne je retrouve Thibaud B avec qui j’ai fait des BRM en 2019, comme après (dont un mémorable 600 de le Longjumeau), et nous ferons les 2 dernières étapes ensemble, essentiellement de nuit (avec le passage à Dreux était déjà un retour à la civilisation un peu pénible, avec un parcours qui avait un peu changé, je crois que je préférais quand il y avait des tours et détours pour éviter les grands axes).

Arrivée

A Rambouillet nous avons la chance et la surprise d’être accueilli par à la fois avec la Maire de Rambouillet (Madame Véronique Matillon), et la Sous-Préfet des Yvelines (Madame Florence Ghilbert)

Petites réflexions

Alors repas, puis repos en attendant le matin dans un des grand barnum de l’organisation, et puis retour au petit matin à Chatenay en vélo (j’avais prévu de ne pas travailler le jeudi).

Autrement sur le plan organisationnel, j’ai dépensé en repas essentiellement un peu moins de 150 euros (liquide et carte de crédit sans contact)

Et petit point sur la nourriture, que l’on pouvait trouver à chaque point de contrôle, (si ce n’est à Brest où vers 4h du matin, il n’y avait plus de repas salé chaud !), elle pourrait être un peu plus tirer vers le haut. PBP est une manifestation qui attire plus de 4000 étrangers, et c’est l’occasion d’en profiter pour montrer de l’alimentation française. Et ce qui m’a frappé sur LEL, c’est capacité du royaume uni d’avoir inclus toute une série de culture du fait de leur histoire, et en particulière indienne (plein de plats au curry, et donc pas que des beans saucisse ou du weetabix). Et je pense que nous pourrions profiter et faire profiter en France, au delà d’alimentation régionale qui a fait son apparition (les fameuses galettes saucisses !) pour aussi inclure dans ces selfs d’école cette (heureuse) créolisation du monde ! (et de la France en tout cas, comme de l’Angleterre avec qui nous partageons une histoire similaire).